Une seule planète

Quels petits pas pouvons-nous faire pour sauver notre planète ?

N'oublions pas le long terme
Le France et le monde ont traversé, durant ces cinq dernières années, deux crises majeures. La crise des supprimes tout d'abord, qui a entrainé des faillites bancaires aux États-Unis et en Europe avec des répercussions sur l'économie et aussi bien sûr des retombées sociales qui, comme d'habitude, pèsent surtout sur les plus pauvres. Et puis la crise de la dette grecque qui menace de gagner l'Espagne et peut-être d'autres pays.

 Au milieu de tous ces bouleversements qui affectent notre vie de tous les jours, nous risquons de perdre de vue des problèmes peut-être plus importants à long terme que les problèmes économiques ou politiques, si importants soient-ils. C'est l'avenir de notre planète et des générations à venir (dont le sort et les conditions de vie dépendent irrémédiablement de notre façon de gérer notre environnement maintenant).

Or on est souvent tenté de penser que l'écologie et l'éco-partage des ressources de la planète sont un luxe qu'on ne peut pas se payer en période de crise. On a demandé un jour au commandant Cousteau pourquoi il ne s'engageait pas en politique. Il a répondu : Dans une démocratie, pour être élu il faut satisfaire une majorité d'électeurs qui ont des préoccupations à court terme : le chômage, les salaires, l'éducation et l'avenir de leurs enfants… ce qui est tout à fait compréhensible. Aussi moi, en restant en dehors de la politique, je reste libre de dire ce que je pense et d'aller, s'il le faut, à contre-courant. Quand on parle du long terme, on va souvent à contre-courant.

Beaucoup pensent également que le sort de la planète et d'une façon générale les problèmes internationaux sont du ressort des gouvernements, que les particuliers que nous sommes ne peuvent pas y faire grand-chose. Or c'est souvent quand des particuliers se mettent en branle pour faire avancer un peu les choses que les gouvernements finissent par s'y mettre aussi.

Le discours d'une adolescente de 12 ans
En 1992, alors âgée de 12 ans,Severn Susuki et ses camarades de classe ont réuni des fonds pour assister au Sommet de la Terre, à Rio De Janeiro. A la fin de celui-ci, elle eut la grande surprise de se voir accorder un temps de parole lors de la dernière séance plénière. Devant l'exceptionnelle qualité de son intervention, les représentants de tous les pays l'ont écouté dans un silence poignant et l'ont ensuite ovationnée pendant de longues minutes.



Traduction :

"Bonjour, je m'appelle Severn Susuki et je suis ici pour vous parler au nom de ECO l'Organisation mondiale des enfants pour la défense de l'environnement. Nous sommes un groupe d'adolescents de 12 et 13 ans qui essayons de faire changer les choses. Nous avons fait 7000 kilomètres pour venir vous dire à vous les adultes que vous devez changer vos façons de faire.

Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations à venir. Je suis ici pour vous parler de la part de tous les enfants dans le monde qui meurent de faim et dont personne n'entend les cris. Je suis ici pour vous parler de la part des innombrables animaux qui meurent sur toute la planète parce qu'il ne leur reste plus aucun endroit où se réfugier. J'ai peur d'aller au soleil maintenant à cause du trou dans la couche d'ozone. J'ai peur de respirer l'air parce que je ne sais pas quels produits chimiques il contient. J'avais l'habitude d'aller à la pêche à Vancouver où j'habite, avec mon père jusqu'au moment où, il y a quelques années, nous avons trouvé que les poissons étaient malades. Et maintenant on nous dit que des animaux et des plantes disparaissent tous les jours, pour toujours. Depuis que je suis petite, je rêve de voir les grands troupeaux d'animaux sauvages, les jungles et les forêts tropicales pleines d'oiseaux et de papillons mais maintenant je me demande s'ils existeront encore pour que mes enfants puissent les voir.

Toutes ces choses se passent devant nos yeux et pourtant nous agissons comme si nous avions tout le temps que nous voulons et toutes les solutions. Je ne suis qu'une enfant et je n'ai pas toutes les solutions. Mais je voudrais que vous réalisiez que vous non plus, vous n'avez pas les solutions. Vous ne savez pas comment réparer le trou dans la couche d'ozone. Vous ne savez pas comment ramener les saumons dans les torrents pollués. Vous ne savez pas comment ramener à la vie un animal maintenant disparu et vous ne savez pas ramener une forêt qui poussait jadis là où maintenant il y a un désert. Si vous ne savez pas comment réparer toutes ces choses, s'il vous plaît, cessez de les casser.

Vous tous qui êtes ici, vous êtes peut-être des délégués de vos gouvernements, des hommes d'affaires, des organisateurs et des journalistes ou des politiciens, mais en fait vous êtes des mères et des pères, des sœurs et des frères. Je ne suis qu'un enfant et pourtant je sais que nous faisons tous partie d'une famille forte de 5 milliards d'individus, en fait forte de 30 milliards d'espèces. Et les frontières et les gouvernements ne changeront jamais rien à cela. Je ne suis qu'une enfant et pourtant je sais que nous sommes tous ensemble, embarqués sur la même planète, et que nous devrions agir comme un seul monde vers un seul but.

Dans mon pays nous faisons tant de gaspillage, nous achetons et jetons, achetons et jetons… Et pourtant les pays de l'hémisphère nord ne veulent pas partager avec ceux qui sont dans le besoin alors même que nous avons plus qu'assez. Nous avons peur de partager, nous avons peur de perdre un peu de notre richesse. Il y a deux jours, ici au Brésil, nous avons passé un peu de temps avec des enfants qui vivent dans la rue et voici ce qu'un enfant nous a dit : "Je voudrais être riche et si je l'étais, je donnerais à tous les enfants malades, de la nourriture, des vêtements, des médicaments, un toit et de l'amour et de l'affection." Si un enfant dans la rue, qui n'a rien, est prêt à partager le peu qu'il a, pourquoi est-ce que nous, qui avons tout, nous en voulons toujours plus, au lieu de partager avez ceux qui n'ont rien? Je ne peux m'empêcher de penser que c'est un enfant de mon âge, que je pourrais être un de ces enfants qui vivent dans les favelas de Rio, je pourrais être un enfant qui meurt de faim en Somalie ou une victime de la guerre au Moyen-Orient ou un de ces petits mendiants en Inde.

Je ne suis qu'une enfant mais je sais que si tout l'argent qu'on dépense pour faire la guerre était dépensé pour trouver des réponses aux problèmes de l'environnement ou pour mettre fin à la pauvreté, quel monde merveilleux serait notre terre ! A l'école, vous nous apprenez comment nous devons nos comporter dans le monde. Vous nous apprenez à ne pas nous battre, à nous arranger à l'amiable, à respecter les autres, à ne pas laisser des détritus, à ne pas faire du mal aux autres créatures, à partager, à ne pas être égoïstes. Alors pourquoi faites-vous toutes les choses que vous nous dites de ne pas faire ?

N'oubliez pas pendant que vous assistez à ces conférences pour qui vous faites tout ça : nous sommes vos enfants et vous êtes ici pour décider dans quel genre de monde nous allons grandir. Les parents devraient pouvoir rassurer leurs enfants en leur disant que tout ira bien, que ce n'est pas la fin du monde et que nous faisons de notre mieux. Mais je crois que vous ne pouvez plus nous dire tout cela maintenant. Sommes-nous seulement sur votre liste des priorités ? Mon père dit toujours : "On est ce qu'on fait, pas ce qu'on dit." Et bien ce que vous faites me fait pleurer la nuit. Vous les adultes, vous dites que vous nous aimez, alors je vous mets au défi de faire en sorte que vos actions soient le reflet de vos paroles. Je vous remercie

La légende du colibri

En 2012, ce discours est-t-il encore d'actualité ? Peut-être plus que jamais car notre planète est toujours en danger (environnement, pauvreté, relations entre les hommes). Alors quels sont les petits pas que chacun de nous peut faire pour la sauvegarder ? Et parmi les petits pas que nous pouvons faire, quels sont ceux que nous faisons ?
Fascinants par leur taille minuscule, les colibris passent de fleur en fleur pour trouver le nectar qui constitue l'essentiel de leur alimentation. Battant des ailes plusieurs dizaines de fois par seconde, ces « oiseaux-mouches » sont les seuls oiseaux à savoir voler en arrière.

Un jour, dit la légende, un incendie commence à ravager la jungle. Affolés, hommes et bêtes fuient en tous sens. Seul un petit colibri, sans relâche, fait l'aller et retour de la rivière au brasier, une minuscule goutte d'eau dans son bec, pour la déposer sur le feu. Un toucan à l'énorme bec l'interpelle :"Tu es fou colibri, tu vois bien que cela ne sert à rien." "Oui je sais, répond le colibri, mais je fais ma part." Interloqué, le toucan commença à faire de même, bientôt imité par dix, cent toucans. Les éléphants s'y mirent… Voyant le manège des animaux, les villageois s'y mirent également… Au bout du compte, il y eut bien quelques plumes roussies et quelques pieds brûlés, mais cette nuit-là, un petit colibri a sauvé la forêt.

***


Ecoutons maintenant Severn Suzuki, 20 ans plus tard, alors qu'elle est devenue une femme et une maman. Elle nous indique les petits pas que selon elle, chacun de nous pouvons faire  pour sauvegarder notre planète Terre. (La traduction en français sous la cidéo)





Traduction :
Bonjour Madame Suzuki, nous sommes très contents de vous voir ici à Évian pour la Conférence Mondiale sur la Terre
A cette conférence vous avez demandé  : "Pourquoi ne  sommes-nous toujours pas capables de changer les choses ? " Alors que pouvons-nous faire ?

SS C'est la question fondamentale que nous devons poser à cette conférence mondiale sur la Terre. Il y a 20 ans, nous avons conclu un accord international avec un calendrier des actions à mener. Comment se fait-il que cela ne soit pas entré dans les faits ? Donc je pense que nous devons absolument reconnecter un monde que nous avons fractionné, rétablir le lien entre les causes et les effets qu'elles produisent inévitablement. En effet maintenant nous vivons dans un monde où l'on peut jeter nos déchets à la poubelle et la poubelle disparaît sans qu'on voie où tout cela s'en va. Nous vivons dans un monde où on ne voit pas les conséquences de nos actes. Et cette fragmentation continue de se répandre à travers toute la société. Par conséquent il faut reconnecter tout ça dans l'esprit des gens, remettre les causes en relation avec les effets qu'elles produisent.

Et peut-être aussi reconnecter les gens entre eux, et la solution c'est peut-être les petits pas que chacun de nous peut faire pour changer les choses?

 SS Oui, je crois vraiment à l'action de chacun. Au bout du compte, c'est tout ce que nous pouvons faire : nous ne pouvons contrôler que ce que nous-mêmes faisons. Je pense que chacun de nous, surtout nous qui habitons dans le monde développé, nous devons faire deux choses : premièrement nous devons, chacun de nous, réduire notre empreinte écologique, mais ce n'est pas une petite tâche, il y a tant de choses à faire pour faire cela. Et la deuxième chose c'est que nous devons utiliser l'influence que nous pouvons avoir, nous devons utiliser les personnes de notre entourage, nos compétences, notre travail, pour être politique afin de changer le monde sur une plus grande échelle. Voilà, je pense  qu'il n'y a que l'action de chacun qui peut faire bouger les choses  et voilà les deux rôles que nous pouvons jouer : réduire notre empreinte écologique et user de notre influence comme d'un levier pour agir sur une plus grande échelle.

Et maintenant vous êtes une maman et vous avez un magnifique petit garçon. Quel est votre avenir et votre vision de l'avenir ?

SS  Oui maintenant je suis une mère et je suis donc engagée pour l'avenir. Je suis optimiste, je suis sûre que nous allons surmonter les difficultés, que nous serons assez intelligents pour réaliser que ce nous faisons maintenant détermine l'avenir de nos enfants. Et c'est ce que je vais continuer à faire : essayer d'imaginer la meilleure façon de transformer notre société et de mettre en place une économie durable. C'est pour ça que je suis à cet Atelier sur la Planète, pour voir ce que donne cette discussion internationale, pour chercher des réponses à toutes ces questions.

Merci beaucoup.

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